20 December 2013

Premières lectures: Le Petit Père Noël

Il était une fois un petit Père Noël qui, plus qu'aucun autre Père Noël, se faisait une joie d'aller chez les enfants. Malheureusement, les grands Pères Noël considéraient qu'il était encore beaucoup trop petit pour s'acquitter de cette mission...


J'ai découvert Le Petit Père Noël à l'occasion des préparatifs des fêtes de fin d'année et j'ai tout de suite été enchantée, notamment par le message qui peut parler aux petits véganes.

Le Petit Père Noël vit au pays des Pères Noël et est très enthousiaste et motivé. Hélas pour lui, chaque année le Père Noël en chef lui refuse de participer à la distribution des cadeaux, et les plus jeunes Pères Noël se moquent de sa petite taille. Triste et dépité, le Petit Père Noël se balade dans la forêt pendant que les autres sont tous partis durant la nuit de Noël, et comme il est tout petit personne ne le voit. C'est ainsi qu'il découvre les animaux de la forêt qui discutent et se désolent que seuls les humains aient droit à des cadeaux des Pères Noël. Le Petit Père Noël décide alors d'aller chercher les cadeaux qu'il a préparés en poussant tout seul son traineau. Les animaux ont ainsi la joyeuse surprise d'enfin recevoir des cadeaux eux aussi, et à la fin le Père Noël en chef nomme officiellement notre héros le Père Noël des Animaux.

J'aime beaucoup cette histoire pour ses belles images et ses deux grands messages sous-jacents. Les enfants peuvent s'identifier facilement au personnage auquel on ne cesse de dire qu'il est trop petit pour ceci ou cela, et le livre leur montre qu'ils ont aussi un rôle à jouer, une importance, des choses à apporter. Et le message envers les animaux est joli: eux aussi ont droit à des cadeaux, à notre considération. Ils sont ici regardés comme des personnages à part entières, conscients de ne pas avoir les mêmes droits, et heureux de participer aux festivités comme tout le monde. Même si ce Petit Père Noël met des oeufs et du beurre dans ses gâteaux...

de Anu Stohner
Seuil Jeunesse

18 December 2013

Repas de Noël au travail

Cette semaine, comme dans beaucoup d'autres endroits, il y a eu un repas de Noël à mon travail. Alors que ce genre de festivités se fait souvent dans un restaurant ou avec un traiteur, qui suivant lequel devient un casse-tête pour moi ou non, cette année la bonne idée a été de le faire surplace, avec comme instruction que chacun apporte un plat. 

Cette approche était parfaite pour moi, puisque cela me permettait d'être sûre d'avoir quelque chose à manger! Évidemment, par contre, dans ces cas-là tout le monde m'a à l'oeil donc il faut revêtir ma "cape de SuperVegan" pour ne pas alimenter (haha) les croyances selon lesquelles la nourriture végane est triste... C'est dommage, car j'arrive en cette fin d'année bien épuisée et n'avais absolument pas envie de passer du temps en cuisine. Mais bon, c'était pour la bonne cause...

Comme je ne fais rien dans l'ordre, j'ai tout d'abord décidé de faire des muffins. Plus facile à manger et transporter que des cupcakes, tout en étant en portions individuelles, voilà une solution bonne et pratique pour tout le monde. Quand on me demande d'apporter à manger, je pense souvent aux pâtisseries, car dans l'imaginaire collectif il serait impossible d'obtenir de bons gâteaux sans produits laitiers et surtout sans oeufs. C'était donc une bonne occasion de convaincre mes collègues qui semblent persuadés que je ne mange pas de douceurs - s'ils savaient...

Entre les simples et efficaces muffins banane-chocolat et les délicieux muffins noisette-chocolat, j'hésitais. Alors j'ai décidé de faire les deux sortes. Il y en avait trop, mais ce n'est pas un souci: Mr Vegan et les enfants se font un plaisir de déguster les restes, et... mes collègues en redemandent, ils sont même plusieurs à m'avoir demandé les recettes. SuperVegan, un point!

Pour le salé, j'ai fait simple: des falafels à base de poudre à mélanger à de l'eau, et un taboulé aux céréales complètes avec des tomates cerise, du concombre, des graines de courge, de la saucisse fumée vegan et des cerneaux de noix, le tout avec un filet d'huile d'olive, de la coriandre et du citron. Cela a plu, mais sans donner la même impression que les dessert. Il faut dire qu'il y avait beaucoup trop de nourriture pour tout le monde, mais j'étais contente que mes plats soient goûtés. Et j'ai pu quant à moi profiter du houmous et des tortillas amenés par une collègue.


Le bémol, c'est l'incompréhension chronique: plusieurs personnes qui prennent l'air navré en se désolant que je ne puisse pas profiter de tous les "bons" mets sur la table. Ce n'était ni l'heure ni l'endroit pour essayer de leur faire comprendre que bien au contraire, j'ai donc préféré les diriger en souriant vers les muffins...

12 December 2013

Une soirée autour des plantes sauvages avec Infinite Seeds & Herbae

Je suis très très en retard dans la rédaction de mes billets, emportée à la fois par la frénésie de fin d'année qui a suivi de près la folie de la rentrée, et par un besoin d'hibernation intense...

J'avais déjà parlé des deux autres événements de ma vie au mois d'octobre, le Paris Vegan Day et TEDxBrussels, il est temps que je parle du premier. En effet, au début de ce mois lointain, j'ai été invitée à un événement raw food qui promettait de jolies choses:
herbae & infinite seeds vous invitent pour leur première table d’hôte sauvage à quatre mains par anja et frédérique avec de la musique ‘one to one’ par manuela.
huit hôtes et une table commune, pour déguster une cuisine sauvage en quatre temps. découvrez ces plantes sauvages comestibles qui ont disparu de nos assiettes mais qui se trouvent encore dans notre environnement urbain.
Je ne suis pas du genre à me rendre seule à des tables d'hôtes, mais j'ai décidé de tenter l'expérience, parce que la soirée promettait d'être agréable et novatrice, et qu'il est si rare quand on est une maman vegan de se faire servir à manger sans rien devoir vérifier. Car j'ai demandé à l'avance, et il m'a été précisé d'entrée de jeu que le repas serait bien 100% vegan.

J'étais dans un état d'esprit un peu étrange, à la fois ravie de me retrouver là et de profiter d'une soirée calme, et à la fois comme je me suis détendue m'est tombé dessus toute l'intense fatigue d'une mère qui travaille à plein temps, a deux enfants en bas âge et doit s'organiser et faire attention à tous les détails pour que ses enfants profitent des mêmes plaisirs que leurs camarades tout en étant véganes. Ceci m'a mise dans une humeur ouverte tout en étant repliée, j'étais très heureuse d'écouter les gens, de découvrir de nouveaux visages et d'autres expériences, et je n'arrivais pas bien à m'exprimer. Spectatrice, voilà qui me convenait bien pour cette belle soirée hors du quotidien.


L'ambiance était très agréable, un petit cocon en face du Parc de Forest. Musique douce, bougies, déco minimaliste de goût, tout a été pensé pour que les esprits puissent se reposer et passer d'agréables moments. Je me suis surprise à obsever la déco et a essayer d'y glâner des idées, tout en sachant bien qu'avec deux petits enfants ces choix esthétiques ne résisteraient pas longtemps. Pendant que les différents convives arrivent, deux couples et plusieurs personnes venues seules comme moi, on papote un peu avec les trois hôtes du jour: Frédérique qui s'active en cuisine, Anja qui nous accueille et nous présente les lieux et Manuela qui vient faire connaissance. Comme souvent à Bruxelles, on saute d'une langue à l'autre de manière parfois incertaine, entre le français qui tente de dominer, l'anglais qui crée des ponts, le flamand qui pointe le bout de son nez,...


Pour mettre en appétit, on nous présente le bar, où chacun peut se servir à sa guise. S'y trouvent des vins et des eaux aromatisés. Si la mémoire ne me fait pas défaut, il y avait un vin artisanal de cerise, un vin rouge infusé au romarin, un vin blanc infusé à la verveine, des eaux à la cardamome, au gingembre, un hydrolat de rose,... Le tout joliment présenté et fait maison.


Un jus est servi pour ouvrir les festivités: jus de fenouil, pomme, gingembre et citron vert aux feuilles de pissenlits, orné d'une fleur de capucine. Le glaçon, rouge, se transforme en fondant, en libérant ce qui ressemble à de minuscules fleurs, serait-ce le pistil de la capucine? Mystère. L'effet est réjouissant, le goût est délicieux.

Manuela s'est installée parmi nous pour se présenter et expliquer le principe de ses mini-concerts, une nouvelle expérience: tout au long de la soirée, quand on le souhaite, on est invités à monter, une seule personne à la fois, pour un petit concert de violon baroque privé, en face à face avec elle. Dès l'apéro, les plus enthousiastes se précipitent pour cette expérience particulière, et en reviennent souriants, comme dans une petite bulle. Je suis montée la dernière, en cours de repas, après avoir laissé l'ambiance me gagner. La situation particulièrement intime est un peu gênante au premier abord, puis je me suis allongée sur le lit qui était là, j'ai fermé les yeux et me suis laissée emporter par la musique. Une très belle expérience, très enrichissante, où l'on sent que la musique qui émane est unique, portée par la violoniste mais également par la relation qui se crée à ce moment-là.


Pendant "l'apéro", on déguste des chips d'orties légèrement enrobées de crème de noix de cajou, de poivron rouge, d'échalote et de ciboulette. Quelques fleurs ornent également la table, et toutes sont comestibles. Nous sommes plusieurs à avoir une hésitation face aux orties: avec le souvenir cuisant que j'ai de ma rencontre avec ces plantes, je ne suis pas persuadée d'avoir envie d'en avoir en bouche. Mais nous finissons tous par plonger et... c'est délicieux, à peine piquant, avec un mélange d'épices qui rehausse le tout. J'ai tout de suite envie de demander la recette, et d'acheter un déshydrateur. Et puis je me souviens que j'ai une cuisine minuscule et un manque de temps chronique...

On nous invite à passer à table, une jolie table avec des bougies, une nappe blanche à fleurs, une ambiance calefeutrée. Le premier plat servi est un potage cru aux betteraves rouges et céléri-rave à la crème de noix de cajou et au raifort, décoré de fleurs de millefeuilles et d'aneth. Je n'aime pas les betteraves, pas du tout même, c'est donc avec crainte que j'ai plongé ma cuillière dans l'assiette. Et là, révélation! Ce potage cru est délicieux! Toutes les saveurs se mélangent pour donner un résultat à la fois bon et dont on sent déjà dans sa bouche qu'il est sain.

C'est après ce potage, si je me souviens bien, que je suis montée pour mon petit concert privé. Je flottais sur un petit nuage. La suite a ravi l'amoureuse des tomates crues que je suis: de fins filets de tomates de variétés anciennes, accompagnés de crackers aux pignons de pin parfumés au thym orangé et aux feuilles de pimprenelle, avec des glaçons fondants à l'huile d'olive et au basilic (et un au citron sauf erreur). Je n'ai pas de mots pour décrire mon bonheur face à cette assiette! Les crackers aux pignons, c'était très étrange, car ils avaient presque un goût de parmesan! Pour la petite histoire, mon abandon du fromage ayant été une histoire de choix éthique et pas de goût, mon fromage préféré était le vieux parmesan et je rêvais d'en retrouver le goût sans cruauté. Autant dire que ces crackers ont éveillé en moi un bonheur gustatif presque primitif, j'avoue que j'en ai même rêvé plusieurs fois depuis... Quant aux glaçons de basilic et huile d'olive, voilà bien une idée géniale avec laquelle je m'amuserais bien à la maison.


Troisième mouvement: pesto de tétragone (épinard de Nouvelle-Zélande) et de pourpier d'été avec rondelles et petites boules de betterave rouge, de betterave à sucre, de patate douce, de courgette, de navet jaune, aromatisé avec une vinaigrette infusée de fleurs mauve, le tout décoré de millefeuille et d'oseille sanguine.
Pour être honnête, quand on me parle de navets ou de betterave, ça ne me fait pas rêver. Et pourtant l'ensemble des ingrédients donnait un résultat très savoureux tout en étant intéressant pour la santé. Je devrais incorporer plus d'herbes dans ma cuisine, tiens...


Une quiche sans gluten a suivi ces délices, farcie aux orties, pissenlits et égopode, et à une crème de panais, racines de persil et noix de cajou, avec un crumble de noix et graines de tournesol,  ainsi qu'une crème de raifort et moutarde au zete d'orange. Pour l'accompagner, une salade de fleurs sauvages avec une vinaigrette à l'échalote et aux baies de sorbier. Oui, je fais ma maligne, je n'ai pas la moindre idée de ce qu'est un égopode... Ce que je sais par contre, c'est que c'était très bon, et que j'ai envie de réutiliser l'idée du crumble, toute simple et qui rehausse un plat simplement.


L'enchaînement de tous ces mets a constitué un repas bien complet, et je n'avais plus faim alors que j'étais arrivée affamée. C'est là qu'on nous a proposé du café ou du thé: un café de racines de pissenlit ou un thé à la verveine, avec du lait de noix de cajou pour ceux ou celles qui le souhaitait. En guise de dessert, des figues fraîches, et des truffes. Aaaah, ces truffes au chocolat cru avec trois différentes garnitures: fleurs de rose, fleurs de bleuets et graines de pavot. Ce sont ces deux dernières dont je rêve encore parfois, et rien qu'en écrivant ces mots j'en salive. Elles étaient onctueuses et bien chocolatées, avec ce petit goût croquant donné par l'enrobage. Il faut absolument que je me procure la recette!


La soirée touchait à sa fin, une partie des convives commençait à décliner - dont moi. Malgré l'idée lancée d'un dernier petit concert par Manuela, pour tout le onde ensemble cette fois-ci, je me suis éclipsée avant que mes yeux ne se ferment malgré moi. J'ai été enchantée de cette parenthèse magique, de ces plats très fins et du plaisir rare qu'il y a d'être servi quand on est végane (et maman).


Frédérique a créé l'asbl Infinite Seeds cette année pour mettre à l'honneur l'alimentation à base de plantes, les remèdes naturels et le jardinage urbain. Elle organise notamment régulièrement des ateliers de bombes à graines pour les enfants, des rencontres autour de la cuisine crue, etc. La page Facebook d'Infinite Seeds est un enchantement de belles photos, et son interview ici donne une belle idée de son point de vue et de ses projets. Bonus track: trois recettes - j'ai mon oeil sur les truffes...

Anja est aux commandes de Herbae, dont le but est de proposer des herbes bio, de les cultiver dans un environnement agricole et urbain, et de proposer des alternatives natuelles dans la vie quotidienne. Elle participe notamment à la Ferme du Chant des Cailles à Watermael-Boitsfort Elle avait préparé un sachet tisane maison à base de plantes sauvages, un par convive. On peut suivre son activité sur la page Facebook de Herbae.

Manuela joue du violon alto et explore une autre façon de proposer de la musique, en proposant ces mini-concerts en face à face.

Si ces femmes de goût préparent de nouvelles tables d'hôtes, je pense que je proposerai à Mr Vegan de m'y accompagner, pour une soirée à deux et plusieurs dans la volupté de papilles ravies.