03 April 2014

Les jours où c'est trop dur

Il y a des jours où le poids est trop lourd. Des jours où à force de plier on a un peu peur de casser. Des jours où on a juste envie de se poser, de ne plus devoir constamment réfléchir, prévoir, organiser, planifier. Des jours où c'est trop stressant, trop difficile. Des jours où on n'arrive plus à sourire face aux autres qui "ne comprennent pas" que ça prenne du temps et que ça consomme pas mal d'énergie d'assurer le quotidien d'un enfant vegan scolarisé dans un monde assez hostile au véganisme.

Je souris en disant que Mlle V a été à un anniversaire par semaine en moyenne de janvier à mars. C'était chouette, c'était sympa pour elle, elle était ravie. Mais c'était des cupcakes, muffins et/ou gâteau à faire toutes les semaines, des contacts à avoir en amont avec les parents concernés, des recherches de bonbons (à 5 ans apparemment la piñata est incontournable), des analyses de tout ce qui pouvait nécessiter une explication (vegan? pas vegan?) à Mlle V à l'arrivée, faire le point avec les hôtes à chaque fois, rassurer tout le monde avec sourire et assurance, faire le tri des sachets surprises reçus en repartant,... Ces trois mois m'ont enchantée pour ma fille, mais ils m'ont mise sur les genoux.

Il y a quelques semaines l'anniversaire d'une de ses copines était principalement vegan, pour que ce soit plus facile et léger pour Mlle V et avec cette remarque des parents: "De toute façon pour nous ça ne change rien puisqu'on peut manger ce qui est vegan". Je les aurais embrassés - je me demande même si je ne l'ai pas fait, dans la confusion... Quel soulagement! Quelle différence!

Cela se fait-il de dire que parfois c'est trop lourd? Que parfois on aimerait que la cantine propose un plat végétalien juste pour pouvoir aller se coucher sans devoir organiser le lunch de la petite le lendemain? Qu'on n'en peut plus de devoir être aux aguets tout le temps, à l'affût d'une activité scolaire pour laquelle il faut un menu de substitution, de pâtisserie de dernière minute pour une petite fête, de n'importe quel événement susceptible de générer un conflit alimentaire (ah Pâques et son lot de petits oeufs)...?

Ce billet un peu brouillon, c'est la fatigue d'une mère de deux enfants en bas âge qui travaille à temps plein et tente d'assurer une vie sociale normale à ses petits vegans. Et alors? Et alors quand on me dit "Ah moi je n'aurais jamais tenu, c'est beaucoup trop d'organisation!", je comprends... et ça m'énerve. Parce que moi je ne peux pas arrêter. Parce que ma fatigue n'est rien par rapport à la souffrance engendrée envers les animaux qui sont consommés, utilisés. C'est une broutille.

Ce que j'ai envie de dire, c'est ne nous plaignez pas, ne trouvez pas dans nos difficultés une bonne excuse pour ne rien faire, mais soutenez-nous, aidez-nous, et plus le nombre de gens qui y croient et qui font un peu de place au respect envers les animaux grandit, plus ce sera facile, plus ce sera léger, plus ce sera normal. J'ai aussi envie de tendre la main aux autres parents qui traversent ça, qui comme nous font comme si c'était facile pour donner une bonne image du véganisme, qui gardent le sourire, et qui avancent. De leur dire que je sais, que moi aussi je fais la fière, que moi aussi je garde la tête haute pour illuminer l'espoir et la confiance de nos enfants, que je n'ai pas toutes les réponses, et que je sais à quel point c'est parfois difficile. De leur dire qu'ils ne sont pas seuls.

Alors, même au creux de ma grande fatigue, même ces jours-là où j'ai envie de me rouler en boule et de ne plus porter toutes ces responsabilités, j'avance, je continue. Pour le monde que je souhaite offrir à mes petits V. Pour les animaux. Et en croyant à l'avenir.

Photo empruntée ici

PS: Ce billet était écrit depuis une semaine mais attendait que je le relise avant d'être publié. C'est une coïncidence qu'il arrive le même jour où Enfant végé publie une magnifique lettre à ses enfants. Et autant ces deux sujets sont différents, autant j'ai l'impression qu'ils se font écho. Un hasard en forme de clin d'oeil...

4 comments:

  1. Quel bel article très émouvant... Et comme je le comprends !!! Je n'ai pas d'enfants, je suis étudiante et moi aussi, y a des jours où j'aimerai juste pouvoir commander une pâtisserie à la boulangerie du coin, juste ne pas devoir tout planifier même quand on est débordés... Mais j'ai foi, les choses bougent ! Et comme tu(je me permets de te tutoyer) le dis : c'est impossible de renoncer "même juste une fois" comme on me l'a déjà soufflé...
    Merci pour ce billet.

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  2. Ah et en plus tu te permets le luxe d'écrire de magnifiques articles! Allez, aux fourneaux!!

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  3. Ton article m'a beaucoup touché Larissa. Je réponds avec un peu de retard mais j'ai beaucoup pensé à toi ces dernière jours. Vu le premier com, je n'oserai pas suggérer quelques écarts veggie en cas de pétages de plombs à l'horizon. Alors je te dirais plutôt que je trouve très beau que tu saches pourquoi tu le fais et que cela te donne la force nécessaire de continuer à 100%. Je t'envoie plein de courage!

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  4. Merci pour vos commentaires.
    Je me rends compte que ce texte sonne probablement plus négatif que mes sentiments. J'ai juste eu quelques jours de blues face à trop de choses à mener en même temps - notamment une semaine au vert dont je vais prochainement parler.
    Mais je vous rassure tous, je vais bien, et notre véganisme reste toujours présent!

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