J'avais ouvert cet espace lorsque jeune maman d'une petite végane je m'interrogeais sur la façon d'envisager cette parentalité particulière, sur les endroits où se nourrir correctement à Bruxelles, sur le quotidien à gérer et sur les petits trucs et astuces qui adoucissent les invitations aux anniversaires et les expéditions scolaires. Il n'y avait alors à ma connaissance que quelques endroits du genre. Enfant végé étant bien entendu le blog de référence surtout pour la partie alimentaire du véganisme, mais aussi Famille végane que j'adorais et qui malheureusement a cessé d'émettre. Le véganisme a évolué, les familles véganes sont devenues présentes, nombreuses, actives sur la blogosphère. Maman Carotte avait même fini par nous réunir avec un échange hebdomadaire.
Et puis j'ai toujours refusé de montrer le visage de mes enfants ici, car leur vie et leur image leur appartiennent et je refuse de les mettre ainsi en avant alors qu'ils n'ont rien demandé à personne. Libre à eux quand ils seront adultes de rendre cet aspect de leur vie public ou non, voire de poursuivre leur véganisme ou non. Du coup, pour garantir leur anonymat j'ai également choisi de cacher mon propre visage, et de refuser quasi toutes les demandes d'interview - mon ego a toujours eu un peu de peine avec ça, raison de plus pour avoir fait ce choix. Je sais que cela rend mon blog moins convivial car moins vivant.
Parallèlement, les véganes de Bruxelles sont nés sur Facebook avec tous les partages d'information quotidiens qui viennent avec, et les restos et autres snacks où trouver des plats végétaliens sont devenus légion. Ma vie de maman qui travaille et qui a depuis quelques années deux enfants ne me permet absolument pas de tout tester tant il y en a, et "les jeunes" qui ont plus de liberté ont pris le relai pour lister toutes les possibilités.
Enfin, il y a beaucoup de choses que je pense et vis au bout de quasi 10 ans de véganisme qui seraient mal acceptées et qui ont envie de s'exprimer mais craignent un retour critique - même si des amis me disent qu'au contraire cela pourrait soulager d'autres familles ou personnes véganes dans leur parcours également forcément imparfait puisqu'humain.
Et puis, même s'il est flatteur de recevoir des services de presses de livres et des produits divers à gauche et à droite, j'ai eu peur de ce que ces cadeaux qui n'en sont pas peuvent créer comme redevabilité inconsciente, et je n'ai pas envie de consommer à tout va non plus, même si c'est gratuit - le prix ne change rien pour l'état de ma planète.
Alors j'ai perdu ma place ou ma place est devenue obsolète - sans douleur, sans frayeur, mais le constat est là. Du coup, ce blog a plus ou moins perdu sa raison d'être. Et cette année, entre ces différentes évolutions et mon manque de temps banalement chronique, je n'ai pas beaucoup mis les pieds ici, ni dans les groupes ou sur les réseaux sociaux.
Depuis plusieurs mois, je me demande si je dois continuer ce blog sur sa ligne éditoriale choisie au départ, lui faire prendre une direction qui bifurque en étant plus vraie même si tout le temps semi-cachée conformément à mes principes. Ou s'il est mieux que je l'arrête (malgré les quelque 30 brouillons toujours en attente) et profite de ce temps gagné pour retrouver en liberté, en temps de lecture, pour danser dans mon salon. Ou pour en ouvrir un autre - on n'est jamais à l'abri de ses contradictions.
Je n'ai pas de réponse à cette question, mais c'est là mon bilan de l'année, de ces années, de blog.